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Décidément, voilà une clownesse qui mène joyeusement son drôle de chemin à nez rouge. Rafaële Arditti avait déjà dynamité de l’intérieur les discours ronflamment autosatisfaits de Sarkozy (“Sarkophonie”), puis ceux des élites culturelles autoproclamées (“Madame Laculture”). Elle s’attaque aujourd’hui à la “télébidon” pardon, la télé. Gros morceau. Auquel elle livre combat en usant de toutes les armes du rire, l’explosif verbal, le déguisement loufoque, le miroir déformant, et tout ce qui lui tombe sous la main. Et cela en restant fidèle à son épatant système, lequel consiste à ne jouer au mot près, mais à sa manière, que des textes authentiquement prononcés.
Massacrés, du coup, les sentencieux discours des pseudo-experts lors de la guerre du Golfe ! Rageusement mis à nu, les dispositifs de plateau qui, sous prétexte de rigolade, laissent le champ libre à une Marine Le Pen triomphante… Ridiculisé, le vide sidéral des soirées électorales, et notamment celle de mai 2012, où l’on vit, scène d’anthologie ici à se tordre, l’envoyé spécial de France 2 piétiner à Tulle devant le bureau de François Hollande, et nous tenir régulièrement informés du fait que “la porte ne s’ouvre toujours pas, mais je suis patient…”. Pointées du doigt, la misogynie des animateurs de talk-shows, leur mauvaise foi, leur vulgarité…
Ce pamphlet clownesque jouissif, politique, jubilaméchantatoire, est aussi cruel qu’un enfant qui casse son jouet énervant, le piétine, puis examine une à une toutes les pièces pour voir comment c’est fait avant de les destroyer à nouveau. Et d’éclater de rire. Ça fait du bien.